Dieu que la vie est cruelle
Au musicien des ruelles
Son copain son compagnon
C’est l’accordéon
Qui c’est-y qui l’aide à vivre
A s’asseoir quand il s’enivre
C’est-y vous c’est moi mais non
C’est l’accordéon
* Accordez accordez accordez donc
L’aumône à l’accordé l’accordéon
Ils sont comme cul et chemise
Et quand on les verbalise
Il accompagne au violon
Son accordéon
Il passe une nuit tranquille
Puis au matin il refile
Un peu d’air dans les poumons
De l’accordéon
*
Quand parfois il lui massacre
Ses petits boutons de nacre
Il en fauche à son veston
Pour l’accordéon
Lui emprunte ses bretelles
Pour secourir la ficelle
Qui retient ses pantalons
En accordéon
*
Mais un jour par lassitude
Il laissera la solitude
Se pointer à l’horizon
De l’accordéon
Il en tirera cinquante
Centimes à la brocante
Et on fera plus attention
A l’accordéon
*
Je ne sais pourquoi j’allais danser
À Saint-Jean au musette
Mais il m’a suffit d’un seul baiser
Pour que mon cœur soit prisonnier
* Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux
Car l’on croit toujours Aux doux mots d’amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Moi qui l’aimais tant
Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean
Je restais grisée Sans volonté sous ses baisers
Sans plus réfléchir je lui donnais
Le meilleur de mon être
Beau parleur chaque fois qu’il mentait
Je le savais mais je l’aimais
*
Mais hélas à Saint-Jean comme ailleurs
Un serment n’est qu’un leurre
J’étais folle de croire au bonheur
Et de vouloir garder son cœur
*
Moi qui l’aimais tant
Mon bel amour mon amant de Saint-Jean
Il ne m’aime plus
C’est du passé
N’en parlons plus
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d’Amsterdam
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
À croquer la fortune
À décroisser la lune
À bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
À revenir en plus puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette et sortent en rotant
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré d’un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s’entendre rire
Jusqu’à ce tout à coup l’accordéon expire
Alors d’un geste grave alors le regard fier
Ils ramènent leur batave jusqu’en pleine lumière
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d’Amsterdam
D’Hambourg ou d’ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Ils se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d’Amsterdam
Dans le port d’Amsterdam
* Au pays daga d’Aragon
Il y avait tugud une fille
Qui aimait les glaces au citron
Et vanille
Au pays degue de Castille
Il y avait tegued un garçon
Qui vendait des glaces vanille
Et citron
Moi j’aime mieux les glaces au chocolat
Poils au bras
Mais chez mon pâtissier il n’y en a plus
C’est vendu
C’est pourquoi je n’en ai pas pris
Tant pis pour lui
Et j’ai mangé pour tout dessert
Du camembert
Le camembert c’est bon quand c’est bien fait
Vive l’amour
À ce propos revenons à nos moutons
*
Vendre des glaces c’est un très beau métier
Poils aux pieds
C’est beaucoup mieux que marchand de mouron
Patapon
Marchand d’mouron c’est pas marrant
J’ai un parent
Qui en vendait pour les oiseaux
Mais les oiseaux
N’en achetaient pas ils préféraient l’crottin
De mouton
À ce propos revenons à nos agneaux
*
Mais la Castille ça n’est pas l’Aragon
Ah mais non
Et l’Aragon ce n’est pas la Castille
Et la fille
S’est passée de glace au citron
Avec vanille
Et le garçon n’a rien vendu
Tout a fondu
Dans un commerce c’est moche quand le fond fond
Poils aux pieds
À propos d’pieds chantons jusqu’à demain
*
Armstrong je ne suis pas noir Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l’espoir Quel manque de pot
Oui j’ai beau voir le ciel l’oiseau
Rien rien rien ne luit là-haut
Les anges zéro Je suis blanc de peau
Armstrong, tu te fends la poire On voit toutes tes dents
Moi je broie plutôt du noir Du noir en dedans
Chante pour moi louis oh oui
Chante chante chante ça tient chaud
J’ai froid oh moi Qui suis blanc de peau
Armstrong la vie quelle histoire C’est pas très marrant
Qu’on l’écrive blanc sur noir Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge du rouge
Sang sang sans trêve ni repos
Qu’on soit ma foi Noir ou blanc de peau
Armstrong un jour tôt ou tard On n’est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs Ce serait rigolo
Allez louis alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d’eau
Je rêvais d’un autre monde
Où la Terre serait ronde
Où la lune serait blonde
Et la vie serait féconde
Je dormais à poings fermés
Je ne voyais plus en pied
Je rêvais réalité
Ma réalité
Je rêvais d’une autre Terre
Qui resterait un mystère
Une Terre moins terre à terre
Oui je voulais tout foutre en l’air
Je marchais les yeux fermés
Je ne voyais plus mes pieds
Je rêvais réalité
Ma réalité m’a alité
Oui je rêvais de notre monde
Et la Terre est bien ronde
Et la lune est si blonde
Ce soir dansent les ombres du monde
A la rêver immobile
Elle m’a trouvé bien futile
Mais quand bouger l’a faite tourner
Ma réalité
m’a pardonné
M’a pardonné
Ma réalité
m’a pardonné
Dansent les ombres du monde
Dansent les ombres du monde
C’est un beau roman c’est une belle histoire
C’est une romance d’aujourd’hui
Il rentrait chez lui là-haut vers le brouillard
Elle descendait dans le Midi le Midi
Ils se sont trouvés au bord du chemin
Sur l’autoroute des vacances
C’était sans doute un jour de chance
Ils avaient le ciel à portée de main
Un cadeau de la providence
Alors pourquoi penser au lendemain
Ils se sont cachés dans un grand champ de blé
Se laissant porter par les courants
Se sont racontés leurs vies qui commençaient
Ils n’étaient encore que des enfants des enfants
Qui s’étaient trouvés au bord du chemin
Sur l’autoroute des vacances
C’était sans doute un jour de chance
Qui cueillirent le ciel au creux de leurs mains
Comme on cueille la providence
Refusant de penser au lendemain
C’est un beau roman c’est une belle histoire
C’est une romance d’aujourd’hui
Il rentrait chez lui là-haut vers le brouillard
Elle descendait dans le midi le midi
Ils se sont quittés au bord du matin
Sur l’autoroute des vacances
C’était fini le jour de chance
Ils reprirent alors chacun leur chemin
Saluèrent la providence
En se faisant un signe de la main
Il rentra chez lui là-haut vers le brouillard
Elle est descendue là-bas dans le Midi
C’est un beau roman c’est une belle histoire
C’est une romance d’aujourd’hui
Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
À bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y avait Fernand y avait Firmin
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette
On était tous amoureux d’elle
On se sentait pousser des ailes
À bicyclette
Sur les petits chemins de terre
On a souvent vécu l’enfer
Pour ne pas mettre pied à terre
Devant Paulette
Faut dire qu’elle y mettait du cœur
C’était la fille du facteur
À bicyclette
Et depuis qu’elle avait huit ans
Elle avait fait en le suivant
Tous les chemins environnants
À bicyclette
Quand on approchait la rivière
On déposait dans les fougères
Nos bicyclettes
Puis on se roulait dans les champs
Faisant naître un bouquet changeant
De sauterelles de papillons
Et de rainettes
Quand le soleil à l’horizon
Profilait sur tous les buissons
Nos silhouettes
On revenait fourbus contents
Le cœur un peu vague pourtant
De n’être pas seul un instant
Avec Paulette
Prendre furtivement sa main
Oublier un peu les copains
La bicyclette
On se disait c’est pour demain
J’oserai j’oserai demain
Quand on ira sur les chemins
À bicyclette
Je vous parle d’un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l’humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu’on s’est connu
Moi qui criais famine
Et toi qui posais nue
La bohème la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème la bohème
Et nous mangions un jour sur deux
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d’y croire
Et quand quelque bistrot
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l’hiver
La bohème la bohème
Ça voulait dire
Tu es jolie
La bohème la bohème
Et nous avions tous du génie
Souvent il m’arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d’un sein
Du galbe d’une hanche
Et ce n’est qu’au matin
Qu’on s’asseyait enfin
Devant un café crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l’on s’aime
Et qu’on aime la vie
La bohème la bohème
Ça voulait dire
On a vingt ans
La bohème la bohème
Et nous vivions de l’air du temps
Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
A mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs ni les rues
Qui virent ma jeunesse
En haut d’un escalier
Je cherche l’atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts
La bohème la bohème
On était jeunes
On était fous
La bohème la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout
Chez la jolie Rosette au café du canal
Sur le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés
Ici on peut apporter ses baisers
Moi mes baisers je les avais perdus
Et je croyais déjà avoir tout embrassé
Et je ne savais pas que tu étais venue
Et que ta bouche neuve en était tapissée
La chance jusqu’ici ne m’avait pas souri
Sur mon berceau les fées se penchaient pas beaucoup
Et chaque fois que j’tombais dans un carré d’orties
Y avait une guêpe pour me piquer dans le cou
Pourtant ma chance aujourd’hui elle est là
Sous la tonnelle verte de tes cils courbés
Quand tu m’as regardé pour la première fois
Ma vieille liberté s’est mise à tituber
On était seul au monde dans ce bal populeux
Et d’une une seule main j’emprisonnais ta taille
Tes seins poussaient les plis de ton corsage bleu
Ils ont bien failli gagner la bataille
J’aime le ciel parce qu’il est dans tes yeux
J’aime l’oiseau parce qu’il sait ton nom
J’aime ton rire et tous ces mots curieux
Que tu viens murmurer au col de mon veston
Et je revois tes mains croisées sur ta poitrine
Tes habits jetés sur une chaise au pied du lit
Ton pauvre cœur faisait des petits bonds de sardine
Quand j’ai posé ma tête contre lui
Dieu tu remercies Dieu ça c’est bien de toi
Mais mon amour pour toi est autrement plus fort
Est-ce que Dieu aurait pu dormir auprès de toi
Pendant toute une nuit sans toucher à ton corps
Chez la jolie Rosette au café du canal
Sur le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés
Ici on peut apporter ses baisers
Le monde entier est un cactus
Il est impossible de s’assoir
Dans la vie il y a des cactus
Moi je me pique de le savoir
Aïe aïe aïe Ouille Aïe
Dans leurs cœurs il y a des cactus
Dans leurs portefeuilles il y a des cactus
Sous leurs pieds il y a des cactus
Dans l’heure qu’il est il y a des cactus
Aïe aïe aïe Ouille Aïe
Pour me défendre de leurs cactus
À mon tour j’ai mis des cactus
Dans mon lit j’ai mis des cactus
Dans mon slip j’ai mis des cactus
Aïe aïe aïe Ouille Aïe
Dans leurs sourires il y a des cactus
Dans leurs ventres il y a des cactus
Dans leurs bonjours il y a des cactus
Dans leurs cactus il y a des cactus
Aïe aïe aïe Ouille Aïe
Le monde entier est un cactus
Il est impossible de s’assoir
Dans la vie il y a qu’des cactus
Moi, je me pique de le savoir
Aïe aïe aïe Ouille Aïe
Je m’baladais sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu
J’avais envie de dire bonjour à n’importe qui
N’importe qui et ce fut toi je t’ai dit n’importe quoi
Il suffisait de te parler pour t’apprivoiser
Aux Champs-Elysées aux Champs-Elysées
Au soleil sous la pluie à midi ou à minuit
Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées
Tu m’as dit J’ai rendez-vous dans un sous-sol avec des fous
Qui vivent la guitare à la main, du soir au matin
Alors je t’ai accompagnée on a chanté on a dansé
Et l’on n’a même pas pensé à s’embrasser
Hier soir deux inconnus et ce matin sur l’avenue
Deux amoureux tout étourdis par la longue nuit
Et de l’Étoile à la Concorde un orchestre à mille cordes
Tous les oiseaux du point du jour chantent l’amour
Oh je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C’était ta préférée je crois
Qu’elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois Les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N’en finissent pas de mourir
Avec d’autres bien sûr je m’abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m’indiffère
A cela il n’est rien à faire
Car chaque fois Les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N’en finissent pas de mourir
Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l’indifférence
Passe l’automne vienne l’hiver
Et que la chanson de Prévert
Cette chanson Les feuilles mortes
S’efface de mon souvenir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir
En haut de la rue St-Vincent
un poète et une inconnue
S’aimèrent l’espace d’un instant
mais il ne l’a jamais revue
Cette chanson il composa
espérant que son inconnue
Un matin d’printemps l’entendra
quelque part au coin d’une rue
La lune trop blême
pose un diadème
sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
de gloire éclabousse
ton jupon plein d’trous
La lune trop pâle
caresse l’opale
de tes yeux blasés
Princesse de la rue
soit la bienvenue
dans mon cœur blessé
Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux
Petite mendigote
je sens ta menotte
qui cherche ma main
Je sens ta poitrine
et ta taille fine
j’oublie mon chagrin
Je sens sur ta lèvre
une odeur de fièvre
de gosse mal nourrie
Et sous ta caresse
je sens une ivresse
qui m’anéantit
Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureux
Mais voilà qu’il flotte
la lune se trotte
la princesse aussi
Sous le ciel sans lune
je pleure à la brune
mon rêve évanoui
Elle est à toi cette chanson
Toi l’Auvergnat qui sans façon
M’as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M’avaient fermé la porte au nez
Ce n’était rien qu’un feu de bois
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
À la manière d’un feu de joie
Toi l’Auvergnat quand tu mourras
Quand le croque-mort t’emportera
Qu’il te conduise à travers ciel
Au père éternel
Elle est à toi cette chanson
Toi l’hôtesse qui sans façon
M’as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m’ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S’amusaient à me voir jeûner
Ce n’était rien qu’un peu de pain
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
À la manière d’un grand festin
Toi l’hôtesse quand tu mourras
Quand le croque-mort t’emportera
Qu’il te conduise à travers ciel
Au père éternel
Elle est à toi cette chanson
Toi l’étranger qui sans façon
D’un air malheureux m’as souri
Lorsque les gendarmes m’ont pris
Toi qui n’as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de me voir emmené
Ce n’était rien qu’un peu de miel
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
À la manière d’un grand soleil
Toi l’Étranger quand tu mourras
Quand le croque-mort t’emportera
Qu’il te conduise à travers ciel
Au père éternel
Vers les docks où le poids et l’ennui me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi de fruits les bateaux
Ils viennent du bout du monde apportant avec eux des idées vagabondes Aux reflets de ciels bleus de mirages
Traînant un parfum poivré de pays inconnus et d’éternels étés
Où l’on vit presque nus sur les plages
Moi qui n’ai connu toute ma vie que le ciel du nord
J’aimerais débarbouiller ce gris en virant de bord
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère, serait moins pénible au soleil
Dans les bars à la tombée du jour avec les marins
Quand on parle de filles et d’amour, un verre à la main
Je perds la notion des choses et soudain ma pensée
M’enlève et me dépose un merveilleux été sur la grève
Où je vois tendant les bras L’amour qui comme un fou court au devant de moi Et je me pends au cou de mon rêve
Quand les bars ferment que les marins rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu’au matin debout sur le port
Un beau jour sur un rafiot craquant de la coque au pont
Pour partir je travaillerais dans la soute à charbon
Prenant la route qui mène à mes rêves d’enfant
Sur des îles lointaines où rien n’est important que de vivre
Où les filles alanguies vous ravissent le cœur
En tressant m’a-t’on dit de ces colliers de fleurs qui enivrent
Je fuirais laissant là mon passé sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré en chantant très fort
Je me souviens du bord de mer
Avec ces filles au teint si clair
Elles avaient l’âme hospitalière
C’était pas fait pour me déplaire
Naives autant qu’elle étaient belles
On pouvait lire dans leurs prunelles
Qu’elles voulaient pratiquer le sport
Pour garder une belle ligne de corps
Et encore et encore
Z’auraient pu danser la java
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Y en avait une qui s’appelait Eve
C’était vraiment la fille d’mes rêves
Elle n’avait qu’un seul défaut
Elle se baignait plus qu’il ne faut
Plutôt que d’aller chez le masseur
Elle invitait le premier baigneur
À tâter du côté de son cœur
En douceur
En douceur
En douceur et profondeur
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Lui pardonnant cette manie
J’lui proposais de partager ma vie
Mais dès que revint l’été
Je commençais à m’inquièter
Car sur les bords d’la Mer du Nord
Elle se remit à faire du sport
Je tolérais ce violon d’Ingres
Sinon elle devenait malingre
Puis un beau jour j’en ai eu marre
C’était pis que la mer à boire
Je l’ai refilée à un gigolo
Et j’ai nagé vers d’autres eaux
En douceur
En douceur et profondeur
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Z’étaient chouettes les filles du bord de mer
Z’étaient faites pour qui savait y faire
Oh la la la vie en rose Le rose qu’on nous propose
D’avoir les quantités d’choses Qui donnent envie d’autre chose
Aïe, on nous fait croire Que le bonheur c’est d’avoir
De l’avoir plein nos armoires Dérisions de nous dérisoires car
Foule sentimentale On a soif d’idéal
Attirée par les étoiles les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Il se dégage De ces cartons d’emballage
Des gens lavés, hors d’usage Et tristes et sans aucun avantage
On nous inflige Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu’on est né
Pour des cons alors qu’on est Des
On nous Claudia Schieffer On nous Paul-Loup Sulitzer
Oh le mal qu’on peut nous faire Et qui ravagea la moukère
Du ciel dévale Un désir qui nous emballe
Pour demain nos enfants pâles Un mieux un rêve un cheval
Elle habitait Germaine Une chambre de bonne
Quelque part dans l’cinquième À coté d’la Sorbonne
Les WC sur l’palier Une fenêtre sur la cour
En haut d’un escalier Qu’avait jamais vu l’jour
Et sur les murs sans joie De ce pauvre boui-boui
Y’avait Che Guevara Les Pink Floyd et Johnny
Sur l’vieil électrophone Trop souvent détraqué
Elle écoutait les Stones Et Maxime Le Forestier
Germaine Germaine Une java ou un tango
C’est du pareil au même Pour te dire que je t’aime
Qu’importe le tempo
Germaine Germaine Un rock’n’roll ou un slow
C’est du pareil au même Pour te dire que je t’aime
Et que j’t’ai dans la peau
Ça sentait bon chez elle L’herbe et le patchouli
Le parfum des poubelles Au petit matin gris
On buvait de la bière Et du thé au jasmin
Assis en rond parterre Sur un tapis indien
Les voisins du dessous Étaient bien sympathiques
Quand on f’sait trop les fous Ils se plaignaient qu’aux flics
Enfin bref chez Germaine C’était vraiment Byzance
Tous les jours de la semaine On était en vacances
Mais quand elle est partite Un jour pour Katmandou
Moi j’vous jure les amis Ça m’a fichu un coup
Sur la place Saint-Michel Où elle traînait parfois
On parle encore d’elle Des sanglots dans la voix
Moi j’ai repris sa piaule Mais c’est plus comme avant
C’est même plus vraiment drôle Elle me manque souvent
Mais son électrophone Elle me l’a laissé
Comme ses disques des Stones Et d’Maxime Le Forestier
Bien sûr ce n’est pas la Seine
Ce n’est pas le bois de Vincennes
Mais c’est bien joli tout de même
À Göttingen à Göttingen
Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent
Mais l’amour y fleurit quand même
À Göttingen à Göttingen
Ils savent mieux que nous je pense
L’histoire de nos rois de France
Herman Peter Helga et Hans
À Göttingen
Et que personne ne s’offense
Mais les contes de notre enfance
Il était une fois commence
À Göttingen
Bien sûr nous nous avons la Seine
Et puis notre bois de Vincennes
Mais Dieu que les roses sont belles
À Göttingen à Göttingen
Nous nous avons nos matins blêmes
Et l’âme grise de Verlaine
Eux c’est la mélancolie même
À Göttingen à Göttingen
Quand ils ne savent rien nous dire
Ils restent là à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même
Les enfants blonds de Göttingen
Et tant pis pour ceux qui s’étonnent
Et que les autres me pardonnent
Mais les enfants ce sont les mêmes
À Paris ou à Göttingen
Ô faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j’aime
À Göttingen à Göttingen
Et lorsque sonnerait l’alarme
S’il fallait reprendre les armes
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen pour Göttingen
Ils s’embrassent au mois de Janvier
Car une nouvelle année commence
Mais depuis des éternités
L’a pas tell’ment changé la France
Passent les jours et les semaines
Y a qu’le décor qui évolue
La mentalité est la même
Tous des tocards tous des faux culs
Ils sont pas lourds en février
À se souvenir de Charonne
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne
La France est un pays de flics
À tous les coins d’rue y’en a 100
Pour faire régner l’ordre public
Ils assassinent impunément
Quand on exécute au mois d’mars
De l’autr’ côté des Pyrénées
Un anarchiste du pays basque
Pour lui apprendre à s’révolter
Ils crient ils pleurent et ils s’indignent
De cette immonde mise à mort
Mais ils oublient qu’la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore
Etre né sous l’signe de l’hexagone
C’est pas c’qu’on fait d’mieux en c’moment
Et le roi des cons sur son trône
J’parierai pas qu’il est allemand
On leur a dit au mois d’avril
À la télé dans les journaux
De pas se découvrir d’un fil
Que l’printemps c’était pour bientôt
Les vieux principes du seizième siècle
Et les vieilles traditions débiles
Ils les appliquent tous à la lettre
Y m’font pitié ces imbéciles
Ils se souviennent au mois de mai
D’un sang qui coula rouge et noir
D’une révolution manquée
Qui faillit renverser l’Histoire
J’me souviens surtout d’ces moutons
Effrayés par la Liberté
S’en allant voter par millions
Pour l’ordre et la sécurité
Ils commémorent au mois de juin
Un débarquement d’Normandie
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu’est v’nu se faire tuer loin d’chez lui
Ils oublient qu’à l’abri des bombes
Les Francais criaient Vive Pétain
Qu’ils étaient bien planqués à Londres
Qu’y avait pas beaucoup d’Jean Moulin
Etre né sous l’signe de l’hexagone
C’est pas la gloire en vérité
Et le roi des cons sur son trône
Me dites pas qu’il est portugais
Ils font la fête au mois d’juillet
En souv’nir d’une révolution
Qui n’a jamais éliminé
La misère et l’exploitation
Ils s’abreuvent de bals populaires
D’feux d’artifice et de flonflons
Ils pensent oublier dans la bière
Qu’ils sont gouvernés comme des pions
Au mois d’août c’est la liberté
Après une longue année d’usine
Ils crient Vive les congés payés
Ils oublient un peu la machine
En Espagne en Grèce ou en France
Ils vont polluer toutes les plages
Et par leur unique présence
Abîmer tous les paysages
Lorsqu’en septembre on assassine
Un peuple et une liberté
Au cœur de l’Amérique latine
Ils sont pas nombreux à gueuler
Un ambassadeur se ramène
Bras ouverts il est accueilli
Le fascisme c’est la gangrène
À Santiago comme à Paris
Etre né sous l’signe de l’hexagone
C’est vraiment pas une sinécure
Et le roi des cons sur son trône
Il est français ça j’en suis sûr
Finies les vendanges en Octobre
Le raisin fermente en tonneaux
Ils sont très fiers de leurs vignobles
Leur Côtes-du-Rhône et leur Bordeaux
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l’étranger
Leur pinard et leur camembert
C’est leur seule gloire à ces tarés
En Novembre au salon d’l’auto
Ils vont admirer par milliers
L’dernier modèle de chez Peugeot
Qu’ils pourront jamais se payer
La bagnole la télé l’tiercé
C’est l’opium du peuple de France
Lui supprimer c’est le tuer
C’est une drogue à accoutumance
En décembre c’est l’apothéose
La grande bouffe et les p’tits cadeaux
Ils sont toujours aussi moroses
Mais y a d’la joie dans les ghettos
La Terre peut s’arrêter d’tourner
Ils rat’ront pas leur réveillon
Moi j’voudrais tous les voir crever
Etouffés de dinde aux marrons
Etre né sous l’signe de l’hexagone
On peut pas dire qu’ça soit bandant
Si l’roi des cons perdait son trône
Y aurait 50 millions de prétendants
J’ai vu Berlin Bucarest et Pékin comme si j’y étais
Matin et soir le nez dans la télé c’est encore plus vrai
J’étais de tous les combats collée devant l’écran
À la fois à Soweto en Chine et au Liban
Lancer des pierres au bord de Gaza je ne regrette pas
Des religieux au nom de leur foi m’ont lancé une fatwa
J’ai vu la guerre / guerre la victoire
était au bout de leur fusils
J’ai vu le sang / sang sur ma peau
j’ai vu la fureur et les cris
Et j’ai prié / -ié j’ai prié
pour ceux qui se sont sacrifiés
J’ai vu la mort / mort se marrer
et ramasser ceux qui restaient
Et j’ai vu
Que cent mille fleurs s’ouvrent à jamais j’ai déjà donné
Les drapeaux rouges ont cessé de flotter je les ai brûlés
Un homme ce matin s’est jeté sous un train
Abandonné comme un chien la misère et la faim
Le mieux est à craindre pour demain Ça ne me fait rien
Accrochée à ma fenêtre bleutée J’ai cherché la vérité
* C’est la java bleue
La java la plus belle
Celle qui ensorcelle
Quand on la danse les yeux dans les yeux
Au rythme joyeux
Quand les corps se confondent
Comme elle au monde
Il n’y en a pas deux
C’est la java bleue
Il est au bal musette
Un air rempli de douceur
Qui fait tourner les têtes
Qui fait chavirer les cœurs
Quand on la danse à petits pas
Serrant celle qu’on aime dans ses bras
On lui murmure dans un frisson
En écoutant jouer l’accordéon
*
Chéri sous mon étreinte
Je veux te serrer plus fort
Pour mieux garder l’empreinte
Et la chaleur de ton corps
Que de promesses que de serments
On se fait dans la folie d’un moment
Car ses serments remplis d’amour
On sait qu’on ne les tiendra pas toujours
*
J’avoue j’en ai bavé pas vous
Mon amour
Avant d’avoir eu vent de vous
Mon amour
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une
Chanson
À votre avis qu’avons-nous vu
De l’amour
De vous à moi vous m’avez eu
Mon amour
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une
Chanson
Hélas avril en vain me voue
À l’amour
J’avais envie de voir en vous
Cet amour
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une
Chanson
La vie ne vaut d’être vécue
Sans amour
Mais c’est vous qui l’avez voulu
Mon amour
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une
Chanson
* Quand le jazz est-
Quand le jazz est là
La java s’en-
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le gaz
Entre le jazz et la java
Chaque jour un peu plus
Y a le jazz qui s’installe
Alors la rage au cœur
La java fait la malle
Ses petites fesses en bataille
Sous sa jupe fendue
Elle écrase sa Gauloise
Et s’en va dans la rue
*
Quand j’écoute béat
Un solo de batterie
V’là la java qui râle
Au nom de la patrie
Mais quand je crie bravo
À l’accordéoniste
C’est le jazz qui m’engueule
Me traitant de raciste
*
Pour moi, jazz et java
C’est du pareil au même
J’me soûle à la Bastille
Et m’noircis à Harlem
Pour moi jazz et java
Dans le fond c’est tout comme
Quand le jazz dit go man
La java dit go home
*
Jazz et java copains
Ça doit pouvoir se faire
Pour qu’il en soit ainsi
Tiens, je partage en frère
Je donne au jazz mes pieds
Pour marquer son tempo
Et je donne à la java
Mes mains pour le bas de son dos
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de son dos
Moi je n’étais rien Et voilà qu’aujourd’hui
Je suis le gardien Du sommeil de ses nuits
Je l’aime à mourir
Vous pouvez détruire Tout ce qu’il vous plaira
Elle n’a qu’à ouvrir L’espace de ses bras
Pour tout reconstruire Pour tout reconstruire
Je l’aime à mourir
Elle a gommé les chiffres Des horloges du quartier
Elle a fait de ma vie Des cocottes en papier
Des éclats de rire
Elle a bâti des ponts Entre nous et le ciel
Et nous les traversons À chaque fois qu’elle
Ne veut pas dormir Ne veut pas dormir
Je l’aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd’hui
Elle a dû faire toutes les guerres De la vie
Et l’amour aussi
Elle vit de son mieux Son rêve d’opaline
Elle danse au milieu Des forêts qu’elle dessine
Je l’aime à mourir
Elle porte des rubans Qu’elle laisse s’envoler
Elle me chante souvent Que j’ai tort d’essayer
De les retenir De les retenir Je l’aime à mourir
Pour monter dans sa grotte Cachée sous les toits Je dois clouer des notes À mes sabots de bois
Je l’aime à mourir
Je dois juste m’asseoir Je ne dois pas parler
Je ne dois rien vouloir Je dois juste essayer
De lui appartenir De lui appartenir
Je l’aime à mourir
Et même si le temps presse Même s’il est un peu court
Si les années qu’on me laisse Ne sont que minutes et jours
Et même si l’on m’arrête Ou s’il faut briser des murs
En soufflant dans des trompettes Ou à force de murmures
J’irai au bout de mes rêves Tout au bout de mes rêves
J’irai au bout de mes rêves Où la raison s’achève
Tout au bout de mes rêves
Et même s’il faut partir Changer de terre ou de trace
S’il faut chercher dans l’exil L’empreinte de mon espace
Et même si les tempêtes Les dieux mauvais, les courants
Nous ferons courber la tête Plier genoux sous le vent
Et même si tu me laisses Au creux d’un mauvais détour
En ces moments où l’on teste La force de nos amours
Je garderai la blessure Au fond de moi, tout au fond
Mais au dessus je te jure Que j’effacerai ton nom
Je suis resté qu’un enfant
Qu’aurait grandi trop vite
Dans un monde en super plastique
Moi j’veux retrouver Maman
Qu’elle me raconte des histoires
De Jane et de Tarzan
De princesses et de cerfs-volants
J’veux du soleil dans ma mémoire
J’veux du soleil
J’veux traverser des océans
Et devenir Monte-Christo
Au clair de lune
M’échapper de la citadelle
J’veux devenir roi des marécages
Me sortir de ma cage
Un Père Noël pour Cendrillon
Sans escarpin
J’veux faire danser Maman
Au son clair des grillons
J’veux retrouver mon sourire d’enfant
Perdu dans le tourbillon
Dans le tourbillon de la vie
Qui fait que l’on oublie
Que l’on est resté des mômes
Bien au fond de nos abris
Ne dites pas que ce garçon était fou
Il ne vivait pas comme les autres c’est tout
Et pour quelle raison étrange
Les gens qui n’sont pas comme nous ça nous dérange
Ne dites pas que ce garçon n’valait rien
Il avait choisi un autre chemin
Et pour quelle raison étrange
Les gens qui pensent autrement ça nous dérange
Ça nous dérange
Il jouait du piano debout
C’est peut-être un détail pour vous
Mais pour moi ça veut dire beaucoup
Ça veut dire qu’il était libre
Heureux d’être là malgré tout
Il jouait du piano debout
Quand les trouillards sont à genoux
Et les soldats au garde à vous
Simplement sur ses deux pieds
Il voulait être lui vous comprenez
Il n’y a que pour sa musique qu’il était patriote
Il s’rait mort au champ d’honneur pour quelques notes
Et pour quelle raison étrange
Les gens qui tiennent à leurs rêves ça nous dérange
Lui et son piano ils pleuraient quelques fois
Mais c’est quand les autres n’étaient pas là
Et pour quelle raison bizarre
Son image a marqué ma mémoire Ma mémoire
Il jouait du piano debout Il chantait sur des rythmes fous
Et pour moi ça veut dire beaucoup
Ça veut dire « essaie de vivre
Essaie d’être heureux ça vaut le coup »
Marcia elle danse
sur du satin de la rayonne
Du polystyrène expansé à ses pieds
Marcia danse avec des jambes
aiguisées comme des couperets
Deux flèches qui donnent des idées
des sensations
Marcia elle est maigre
belle en scène belle comme à la ville
La voir danser me transforme
en excitée
Moretto comme ta bouche est immense quand tu souris
Et quand tu ris je ris aussi tu aimes tellement la vie
Quel est donc ce froid que l’on sent en toi
Mais c’est la mort qui t’a assassinée Marcia
C’est la mort qui t’a consumée Marcia
C’est le cancer que tu as pris sous ton bras
Maintenant tu es en cendres en cendres
La mort c’est comme une chose impossible
Et même à toi qui es la vie même Marcia
Et même à toi qui es forte comme une fusée
C’est la mort qui t’a emmenée
Marcia danse un peu chinois
la chaleur dans les mouvements d’épaules
À plat comme un hiéroglyphe inca de l’opéra
Avec la tête elle danse aussi très bien
Et son visage danse avec tout le reste
Elle a cherché une nouvelle façon et l’a inventée
C’est elle la sauterelle la sirène en mal d’amour
Le danseur dans la flanelle ou le carton
Au village sans prétention J’ai mauvaise réputation
Que je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme
* Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi Sauf les muets ça va de soi
Le jour du 14 juillet Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots ça va de soi
Quand j’croise un voleur malchanceux Poursuivi par un cul-terreux
J’lance la patte et pourquoi le taire Le cul-terreux se retrouve par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne
En laissant courir les voleurs de pommes
Tout le monde se rue sur moi
Sauf les cul-de-jatte ça va de soi
Pas besoin d’être Jérémie Pour deviner le sort qui m’est promis
S’ils trouvent une corde à leur goût Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome
Tout le monde viendra me voir pendu
Sauf les aveugles, bien entendu
Allez venez Milord Vous asseoir à ma table
Il fait si froid dehors Ici c’est confortable
Laissez-vous faire Milord Et prenez bien vos aises
Vos peines sur mon cœur Et vos pieds sur une chaise
Je vous connais Milord Vous n’m’avez jamais vue
Je n’suis qu’une fille du port Qu’une ombre de la rue
Pourtant j’vous ai frôlé Quand vous passiez hier
Vous n’étiez pas peu fier Dame Le ciel vous comblait
Votre foulard de soie Flottant sur vos épaules
Vous aviez le beau rôle On aurait dit le roi
Vous marchiez en vainqueur Au bras d’une demoiselle
Mon Dieu Qu’elle était belle J’en ai froid dans le cœur
Allez venez Milord Vous asseoir à ma table
Il fait si froid dehors Ici c’est confortable
Laissez-vous faire Milord Et prenez bien vos aises
Vos peines sur mon cœur Et vos pieds sur une chaise
Je vous connais Milord Vous n’m’avez jamais vue
Je n’suis qu’une fille du port Qu’une ombre de la rue
Dire qu’il suffit parfois Qu’il y ait un navire
Pour que tout se déchire Quand le navire s’en va
Il emmenait avec lui La douce aux yeux si tendres
Qui n’a pas su comprendre Qu’elle brisait votre vie
L’amour ça fait pleurer Comme quoi l’existence
Ça vous donne toutes les chances
Pour les reprendre après
Allez venez Milord Vous avez l’air d’un môme
Laissez-vous faire Milord Venez dans mon royaume
Je soigne les remords Je chante la romance
Je chante les milords Qui n’ont pas eu de chance
Regardez-moi Milord Vous n’m’avez jamais vue
Mais vous pleurez Milord Ça j’l’aurais jamais cru
Quand elle était p’tite
Le soir elle allait
À Sainte-Marguerite
Où qu’ça dessalait
Maintenant qu’elle est grande
Elle marche le soir
Avec ceux de la bande
Du Richard-Lenoir
* À la Bastille
On l’aime bien
Nini Peau d’chien
Elle est si bonne et si gentille
Qu’on l’aime bien
Nini Peau d’chien
À la Bastille
*
Elle a la peau douce
Aux taches de son
À l’odeur de rousse
Qui donne des frissons
Et de sa prunelle
Au teint vert-de-gris
L’amour étincelle
Dans ses yeux de souris
*
Quand le soleil brille
Dans ses cheveux roux
Le génie d’la Bastille
Lui fait les yeux doux
Et quand elle se promène
Du bout d’l’Arsenal
Tout le quartier s’amène
Au coin du Canal
*
Mais celui qu’elle aime
Qu’elle a dans la peau
C’est Bibi la Crème
Parce qu’il est costaud
Et comme c’est un homme
Qui n’a pas l’foie blanc
Alors faut voir comme
Nini l’a dans le sang
*
Cet air qui m’obsède jour et nuit
Pourtant n’est pas né d’aujourd’hui
Il vient d’aussi loin que je viens
Traîné par cent mille musiciens
Un jour cet air me rendra folle
Cent fois j’ai voulu dire pourquoi
Mais il m’a coupé la parole
Il parle toujours avant moi
Et sa voix couvre ma voix
Padam padam padam
Il arrive en courant derrière moi
Padam padam padam
Il me fait le coup du souviens-toi
Padam padam padam
C’est un air qui me montre du doigt
Et je traîne avec moi comme une drôle d’erreur
Cet air qui sait tout par cœur
Il dit Rappelle-toi tes amours
Rappelle-toi puisque c’est ton tour
Y’ a pas d’raison que tu n’pleures pas
Avec tes souvenirs sur les bras
Et moi je revois ce qui reste
Mes vingt ans font battre tambour
Je vois s’entrebattre des gestes
Toute la comédie des amours
Sur cet air qui va toujours
Padam padam padam
Des je t’aime de quatorze-juillet
Padam padam padam
Des toujours qu’on achète au rabais
Padam padam padam
Des veux-tu en voilà par paquets
Et tout ça pour tomber juste au coin d’la rue
Sur l’air qui m’a reconnue
Écoutez le chahut qu’il me fait
Comme si tout mon passé défilait
Padam padam padam
Faut garder du chagrin pour après
J’en ai tout un solfège sur cet air qui bat
Qui bat
Comme un cœur de bois
Je suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins de balais
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les travestis vont se raser
Les strip-teaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
La Tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les banlieusards sont dans les gares
À la Villette on tranche le lard
Paris by night regagne les cars
Les boulangers font des bâtards
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil
Encore des mots toujours des mots les mêmes mots
Rien que des mots
Des mots faciles des mots fragiles c’était trop beau
Bien trop beau
Mais c’est fini le temps des rêves
Les souvenirs se fanent aussi quand on les oublie
Caramels bonbons et chocolats
Merci pas pour moi mais
tu peux bien les offrir à une autre
Qui aime le vent et le parfum des roses
Moi les mots tendres enrobés de douceur
Se posent sur ma bouche mais jamais sur mon coeur
Encore des mots toujours des mots les mêmes mot
Rien que des mots
Des mots magiques des mots tactiques qui sonnent faux
Oui tellement faux
Rien ne t’arrêtes quand tu commences
Si tu savais comme j’ai envie d’un peu de silence
Caramels bonbons et chocolats
Merci pas pour moi mais
tu peux bien les offrir à une autre
Qui aime les étoiles sur la dune
Moi les mots tendres enrobés de douceur
Se posent sur ma bouche mais jamais sur mon coeur
Voici le pr
C´était tout juste après la guerre
Dans un petit bal qu´avait souffert
Sur une piste de misère
Y´en avait deux à découvert
Parmi les gravats ils dansaient
Dans ce petit bal qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d´eux
Y´avait tant d´insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C´est qu´ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c´était bien
Et c´était bien
Ils buvaient dans le même verre
Toujours sans se quitter des yeux
Ils faisaient la même prière
D´être toujours toujours heureux
Parmi les gravats ils souriaient
Dans ce petit bal qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d´eux
Y´avait tant d´insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C´est qu´ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c´était bien
Et c´était bien
Et puis quand l´accordéoniste
S´est arrêté ils sont partis
Le soir tombait dessus la piste
Sur les gravats et sur ma vie
Il était redevenu tout triste
Ce petit bal qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Qui s´appelait
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
Ce sont ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d´eux
Y´avait tant de lumière
Avec eux dans la rue
Alors la belle affaire
Le nom du bal perdu
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C´est qu´on était heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c´était bien
Et c´était bien
intemps La douceur du temps Nous fait des avances
Partez mes enfants Vous avez vingt ans Partez en vacances
Vous verrez agiles Sur l’onde tranquille
Les barques dociles Au bras des amants
De fraîches guinguettes Des filles bien faites
Y a des chansonnettes Et y a du vin blanc
* Ah, le petit vin blanc
Qu’on boit sous les tonnelles
Quand les filles sont belles
Du coté de Nogent
Et puis de temps de temps
Un air de vieille romance
Semble donner la cadence
Pour fauter pour fauter
Dans les bois dans les prés
Du côté du côté de Nogent
Suivant le conseil Monsieur le Soleil Connaît son affaire
Cueillons en chemin Ce minois mutin Cette robe claire
Venez belle fille Là sous la charmille
Soyez bien gentille L’amour nous attend
Les tables sont prêtes L’aubergiste honnête
Y a des chansonnettes Et y a du vin blanc
*
À ces jeux charmants La taille souvent Prend de l’avantage
Ce n’est pas méchant Ça finit tout le temps Par un mariage
Le gros de l’affaire C’est lorsque la mère
Demande sévère À la jeune enfant
Ma fille raconte Comment triste honte
As-tu fait ton compte Réponds je t’attends
*